Cette complication horlogère a transformé bien des manières. Elle a permis aux pilotes de piloter de façon plus précise, elle a permis aux arbitres de déterminer le temps réalisé par un pilote prometteur. Enfin, elle nous a permis de nous chronométrer quand nous faisions des concours d’apnée dans notre baignoire.
Prêt ! Feu ! Go ! Partez !
Depuis que l’horlogerie s’est ouverte au grand public, notre quotidien est continuellement rattaché à cette notion de temps, de durée. Chaque action que nous réalisons est finalement comptée et rapportée au temps. D’une certaine manière, nous sommes chronométrés.
Finalement, en quoi consiste un chronomètre ?
Ce mécanisme comprend une aiguille des secondes, un comptoir des minutes et par moment le comptoir des heures. Cet ensemble est connecté au rouage habituel de la montre. Il rentre en mouvement au début de la mesure d’un évènement et s’arrête à la conclusion de celui-ci.
De façon plus précise, trois étapes se succèdent quand le mécanisme est lancé :
- En premier, le marteau qui est utilisé pour la remise à zéro des aiguilles doit être relâché et armé par un ressort.
- En deuxième, simultanément le frein doit être armé par la tension du ressort en sorte d’être prêt à entrer en fonction à la conclusion de la mesure.
- En troisième, le levier du compteur des minutes doit être relâché pour qu’enfin, une fois ces opérations préalables achevées, le mécanisme du chronographe entraîné par le rouage de la montre soit engagé par le « levier d’embrayage » avec la roue du centre du chronographe.
On remarque donc que mécaniquement, la réalisation d’un chronographe n’est pas chose aisée. Et pourtant dans ce 20e siècle naissant, la précision du calcul de la durée d’un évènement donné devient de plus en plus importante. Vous allez voir pourquoi !
Le chronographe : pilier du pilotage
Avant que le GPS vienne faire partie intégrante de notre quotidien, la place était prise par la carte.
Sur terre, les routes sont tracées sur le sol et indiquées sur la carte. Dans les airs, cette signalisation n’existe pas. Par conséquent il faut s’adapter.
Retournons au primaire le temps de quelques lignes pour bien tout comprendre. Nous avons tous été confrontés à ce fameux problème de math dans lequel Michel conduit à 100 km/h et il se rend à un point B qui est distant de 200 km de son point de départ. En combien de temps Michel va-t-il réaliser son trajet ?
Pour les pilotes, le problème est le même. Avant de décoller ils connaissent leur point de départ, leur point d’arrivée, la distance qui les sépare, les directions à prendre et surtout le temps qu’il faut passer dans ces directions et à quelle vitesse. Maintenant, on saisit beaucoup mieux l’utilité du chronographe, qui va venir calculer le temps passé depuis son enclenchement par le pilote.
Un boîtier qui ne fait pas bon ménage avec le magnétisme du moteur
Très rapidement les maisons horlogères ont été confrontées à un problème. Elles qui ont pour maxime la protection de la précision, elles se retrouvaient avec leur modèle qui se déréglait au cours du vol. Et pour cause le magnétisme du moteur.
L’utilisation du boîtier en acier traité d’une certaine manière est venue mettre fin à ce dérèglement.
Un homme aux doigts d’or
(Albert Piguet à côté d’un mouvement CH 27 monté sur une Oméga)
Comme nous avons pu le remarquer, la réalisation d’un calibre de chronographe n’est pas chose aisée. Elle demande un travail de recherche de longue haleine.
C’est en 1940 que l’horlogerie a fait un pas décisif. Et elle le doit aux mains expertes d’Albert Piguet. C’est à cette époque que le mouvement alors appelé CH 27 vit le jour chez Lémania. Ce petit bijou formé de rouages était précis et résistant. C’est à partir de cette date que les marques de la haute horlogerie purent avancer dans ce domaine en dotant leurs chronographes de ce mouvement.
L’ajout de finitions le fit évoluer en 2310 et 2320 (numéro des calibres).
1954, une année marquante pour Breguet
Après avoir lu les quelques lignes précédentes, vous vous demandez si cet article parle bien de la Breguet Type XX. Nous y arrivons, patience !
En effet, c’est en 1954 que la Type XX de chez Breguet voit le jour. Cette année, le Ministère de la Guerre a lancé un appel d’offres afin de doter ses pilotes d’une montre chronographe ayant comme option un retour en vol ( c’est-à-dire qu’en actionnant un seul poussoir, le chronographe se remet à zéro et repart directement. Elle permet un gain de temps pour le pilote dans ses calculs).
En y répondant et en remportant l’appel d’offres, Breguet est venu doter les pilotes français de ses chronographes dits Type XX. En effet, Type XX est une désignation d’un certain type de chronographe. Ce sont ceux qui ont cette option de retour en vol. Cette désignation n’étant pas déposée, elle a été reprise par d’autres marques pour certains de leurs modèles répondant à ce type de chronographe.
(trois différents Type XX de marque différentes. De gauche à droite : Airin, Auricoste et Vixa)
L’arrière arrière-petit-fils d’Abraham Louis Breguet un facteur clé pour la victoire de cet appel d’offres !
Ce n’est que quelques mois après la victoire de l’appel d’offre que l’armée reçoit les montres. Si la maison Breguet a pu être aussi rapide, c’est simplement parce que deux ans plus tôt elle avait fourni à Breguet Aviation des modèles similaires.
Louis Breguet, alors président de Breguet Aviation, entretenait une relation de proximité avec les gérants de l’entreprise de son trisaïeul. Cette relation de proximité a permis à l’aviation de naviguer de façon un peu plus précise et à l’horlogerie de réaliser un nouveau pas vers la précision.
D’un modèle militaire à une collection civile
Si on peut trouver aujourd’hui des chronographes Type XX dans les boutiques Breguet, c’est parce qu’en 1995 la collection a été lancée en célébration du cinquantenaire des premiers chronographes de poignet signé Breguet. Ce modèle est donc fortement lié à l’histoire de la maison.
Cette gamme fut épaulée par la collection chronographe Type XXI.
(Le chronographe Type XX de 1954, celui de 1995 et une Type XXI actuel)