Le chronographe est une complication de base que l’on peut observer sur une grande majorité de montres. Cet instrument de précision permettant de mesurer des temps courts est un des mécanismes les plus complexes à créer et à fabriquer. Pour mieux comprendre ce qui se cache derrière ce mot, nous vous proposons de plonger dans ce monde de chiffres et d’aiguilles.
Définition et introduction au chronographe
Le mot chronographe vient du grec khrónos (temps) et gráphô (écrire). Il s’agit d’une montre équipée d’un mécanisme supplémentaire permettant de mesurer précisément un intervalle de temps donné, indépendamment du reste des indications de la montre. L’aiguille de chronographe peut ainsi être démarrée, arrêtée et remise à zéro en fonction du laps temps que l’on souhaite calculer.
Le chronographe fait ainsi à la fois office de montre classique et de chronomètre. À ne pas confondre pourtant avec ce dernier qui désigne une montre ayant obtenu un certificat de contrôle bien particulier (COSC), attestant de son extrême précision.
Plusieurs éléments peuvent être indiqués sur le chronographe. Parmi les plus fréquents, le tachymètre (mesure la vitesse sur une distance donnée de 1000m), le pulsomètre (mesure la fréquence cardiaque) et le télémètre (mesure la distance) fournissent des informations supplémentaires.
Concernant le fonctionnement, il existe deux systèmes de chronographe : la roue à colonnes qui est le dispositif traditionnel le plus utilisé, et le système à cames.
Histoire et origines
Le chronographe est un type de complication plutôt récent puisqu’il est apparu au 19ème siècle. En effet, le « Compteur de Tierces » de Louis Moinet (découvert en 2013) est considéré comme le tout premier chronographe dans l’histoire. Selon les marquages du boîtier, ce modèle aurait été fabriqué entre 1815 et 1816. Il s’agissait d’un instrument de mesure astronomique, mesurant le soixantième de seconde au moyen d’une aiguille centrale effectuant un tour par seconde, pouvant être démarrée, stoppée et remise à zéro à l’aide d’un poussoir. Une véritable innovation pour l’époque !
Pour atteindre cette précision, cette même aiguille centrale battait à 216.000 vibrations par heure, un chiffre impressionnant en sachant qu’aujourd’hui, le mouvement mécanique « normal » bat à environ 28.800 vibrations par heure. On peut donc aussi considérer Louis Moinet comme l’instigateur de la haute fréquence en horlogerie.
C’est plus tard, en 1821, que l’on entend parler pour la première fois du mot « chronographe », avec l’horloger Nicolas-Mathieu Rieussec qui utilise une de ses inventions pour chronométrer des courses de chevaux à Paris. Il fera breveter son « chronographe à secondes » en 1822. Le sens grec du mot (« écrire le temps ») prend ici tout son sens puisque l’appareil en question consiste à déposer de l’encre sur le cadran rotatif pour mesurer les intervalles de temps.
Vers le milieu du 19ème siècle, le chronographe est de plus en plus utilisé dans différents domaines grâce à son système de démarrage/arrêt/remise à zéro.
Au début du vingtième siècle, les premiers chronographes-bracelets voient le jour et sont équipés d’un seul poussoir permettant de gérer les trois fonctions. C’est en 1934 qu’un second poussoir sera créé afin de gérer la remise à zéro de façon indépendante. Enfin, en 1969, les premiers mouvements de chronographes automatiques apparaissent.
Chronographes et complications
Le chronographe flyback
Aussi connue sous le nom de « retour en vol », cette fonction permet une remise à zéro et un redémarrage instantanés avec une seule pression sur le bouton. Elle est particulièrement appréciée des pilotes car elle leur offre un gain de temps important et leur permet de resynchroniser leur chronographe sans avoir besoin d’appuyer trois fois sur le bouton.
Le chronographe à rattrapante
Il comprend une deuxième aiguille des secondes permettant de mesurer simultanément deux évènements de longueur différente. Une aiguille peut être arrêtée pour lire un temps intermédiaire tandis que l’autre continue à fonctionner. Il suffit ensuite d’une deuxième pression sur le poussoir pour qu’elle rattrape ensuite cette même aiguille en mouvement.
Ce mécanisme fait partie des plus complexe à concevoir et à fabriquer en horlogerie.
Le chronographe à foudroyante
Aussi appelée « diablotine », cette complication permet de mesurer les fractions de secondes. Il s’agit d’une aiguille effectuant une révolution en une seconde et s’arrêtant 4, 5, voire 8 fois pour indiquer quarts, cinquième ou huitième de seconde.
Source : Fondation de la Haute Horlogerie